Les chiffres de la création d’entreprise ont enregistré une légère baisse en mai (-0,4%), indique l’Insee dans son dernier bilan mensuel. Ce résultat négatif fait suite à une forte chute déjà enregistrée en avril (-10%). Sur un an, le recul est de l’ordre 4%.
On crée moins d’entreprises en France depuis un an : sur cette période, la baisse s’affiche environ à -4%. Comment l’expliquer ? Difficile de livrer une analyse précise.
Moins d’auto-entrepreneurs
L’engouement créé par le statut de l’auto-entrepreneur entre 2009 et 2010 a commencé à se tarir en 2011. Pourquoi ? Parce qu’avec près d’un million d’adhésions enregistrées en trois ans, le régime a fini par trouver son rythme de croisière. C’est un effet mécanique et naturel : aujourd’hui, environ 25 000 nouveaux auto-entrepreneurs arrivent sur le marché chaque mois. C’était le cas en avril et en mai (on est loin des pics à 40 000 relevés début 2010 !).
Il est néanmoins possible que le régime, régulièrement pointé du doigt pour son manque de pérennité économique, ait fini par susciter la méfiance des porteurs de projet. L’élection présidentielle a aussi soulevé des interrogations sur son avenir à moyen terme : pendant la campagne, Hollande et Bayrou a évoqué la possibilité de le limiter dans le temps, à deux ou trois ans.
Récemment, Sylvia Pinel, la nouvelle ministre chargée du Commerce et de l’Artisanat a annoncé qu’une évaluation du statut de l’auto-entrepreneur était en cours en vue d’y apporter des correctifs visant à réduire la « concurrence déloyale » qu’il crée avec les artisans évoluant sous statut classique.
Rappelons que les auto-entrepreneurs bénéficient d’une franchise de TVA et ne payent pas d’impôts ni de charges tant que leur chiffre d’affaires est nul, avantages dont ne bénéficient pas les autres chefs d’entreprise.
Baisse sur un an
Le recul progressif des auto-entrepreneurs a donc pesé sur le bilan global des créations d’entreprise. En mai, le résultat aurait même été positif si les auto-entrepreneurs n’avaient pas été intégré aux statistiques, preuve que les statuts juridiques traditionnels se maintiennent.
L’élection présidentielle et le calendrier administratif ont très certainement pesé sur l’élan entrepreneurial, même si le tassement constaté s’inscrit dans une tendance plus longue et plus lourde : En rythme annuel, le nombre cumulé de créations au cours des mois de mars, avril et mai 2012 est en baisse de 3,3 % par rapport aux trois mêmes mois de 2011. En avril, toujours en comparaison sur trois mois et à un an d’intervalle, les créations d’entreprises étaient encore légèrement dans le vert, avec une progression de 0,8 %.