En tournée en Europe pour promouvoir le futur .ong auprès des associations, Brian Cute, directeur du Public Interest Registry (Etats-Unis) a accordé un entretien exclusif à serviceentreprise.com.
Serviceentreprise.com: Brian Cute, vous êtes à la tête du Public Interest Registry (PIR), un acteur important du marché mondial des noms de domaine. Quel est très exactement son rôle ?
Brian Cute : Public Interest Registry dépend de l’association américaine Internet Society qui l’a créé en 2002 à Reston (Virginie). PIR gère le domaine de premier niveau .org, soit environ 10 millions d’adresses dans le monde. C’est l’extension la plus utilisée après le .com et le .net. L’entreprise compte 20 salariés et réalise, chaque année, un chiffre d’affaire d’environ 70 millions de dollars.
L’arrivée des nouvelles extensions génériques et personnalisées doit particulièrement intéresser le PIR. Quelle stratégie va-t-il adopter ?
Oui l’enjeu est très important pour le Public Interest Registry. Il a déposé un dossier de candidature auprès de l’Icann sur les .ong et .ngo, deux extensions que le PIR souhaite proposer à l’ensemble de la communauté mondiale des Organisations non gouvernementales (ONG). On devrait être fixé fin 2013. Si l’Icann valide notre dossier, les premiers .ong seront lancés au deuxième semestre 2014. A cette date, les ONG qui le souhaitent pourront donc demander un nom de domaine unique.
Quel est le but de cette offre ?
Donner une nouvelle visibilité aux ONG à travers une adresse fermée, sécurisée et contrôlée. Le .ong renforcerait ainsi la confiance des internautes qui souhaitent faire des dons en ligne. Ces associations à but non lucratif, non criminel et non gouvernemental ont aussi besoin de s’identifier les unes par rapport aux autres, alors même qu’aujourd’hui peu des listes officielles les répertorient. Une identité numérique tels qu’un .ong ou .ngo leur permettra aussi d’échanger en toute transparence. On en a comptabilisé environ 10 millions dans le monde.
Plus globalement, la communication sur la libéralisation des nouvelles extensions a-t-elle été, selon vous, équitable entre les grands groupes et les petites entreprises ?
Je pense que non. Mais c’est aussi le rôle des opérateurs de communiquer sur ces nouveaux noms de domaine. Leur succès dépendra sans doute de la pertinence des niches sur lesquels ils seront positionnés. Les PME n’ont évidemment pas les moyens d’investir sur toutes les extensions. Il faudra juste qu’elles parviennent à identifier celles qui correspondent le mieux à leur business.
Où en est la bataille entre Amazon et Google aux Etats-Unis pour l’attribution du .book ?
Les véritables intentions marketing de l’un et de l’autre sont toujours en cours d’évaluation. L’Icann n’a toujours pas arbitré. Ce n’est d’ailleurs pas son rôle. Seul le gouvernement peut intervenir sur les questions de concurrence. Il ne l’a pas fait. Maintenant, il est difficile de dire qui va gagner ou perdre. A la fin, peut-être que tout le monde s’y retrouvera.
La libéralisation des noms de domaine va-t-elle encourager la concurrence ou, au contraire, favoriser la constitution de monopoles et servir uniquement les grands comptes ?
Il y aura beaucoup de choix pour l’internaute, probablement trop. Comment va-t-il réagir ? Quand l’offre est trop nombreuse, le consommateur a tendance naturellement à opter pour la marque qu’il connaît déjà. Selon moi de nombreuses adresses génériques ne trouveront pas leur public. Il y aura des succès sans doute, mais aussi de nombreuses déceptions.