Nicolas Sarkozy, a annoncé le relèvement à 5% le quota d’apprentis dans les entreprises de plus de 250 salariés, sous peine d’un doublement des sanctions financières. Une mesure qui rend Jacques Bahry, Délégué Général du Groupe CESI, à la fois confiant et soucieux.
Jacques Bahry, Délégué Général du Groupe CESI, groupe de formation professionnelle et pionnier des formations d’ingénieur par l’apprentissage et des formations professionnelles supérieures en alternance, revient sur cette annonce pour à la fois se féliciter de l’ambition de ce projet et s’inquiéter des moyens envisagés.
« Le CESI est favorable à la volonté exprimée par le gouvernement de développer l’alternance et l’apprentissage et sur l’importance de fixer des objectifs dans ce domaine afin de garantir un quota de jeunes en alternance dans l’entreprise.
L’apprentissage ou l’alternance constituent en effet aujourd’hui la « martingale du recruteur » puisque ces deux systèmes permettent à une entreprise de recruter un jeune diplômé avec deux à trois ans d’expérience, formé aux spécificités de l’entreprise, et immédiatement opérationnel tout en ayant le même niveau académique que les autres titulaires des mêmes diplômes.
Selon le baromètre « Observatoire Social de l’Entreprise » réalisé ce mois-ci par IPSOS pour le CESI, 71% des chefs d’entreprise considèrent les contrats d’alternance et d’apprentissage comme un moyen d’intégration progressive des jeunes salariés avant un recrutement définitif.
Pour les étudiants, la formation par alternance constitue par ailleurs une voie d’accès aux plus hautes formations (Ex. diplôme d’ingénieur) pour des jeunes qui n’ont pas forcément au départ des intérêts conceptuels et leur permet de se positionner néanmoins à un haut niveau dans le monde de l’entreprise. Que ce soit du côté des jeunes diplômés ou des entreprises, l’apprentissage et l’alternance ont donc vocation à se développer.
Cependant, la proportion encore assez faible de jeunes en alternance et en apprentissage dans les entreprises françaises est liée à un manque de moyens financiers et non à une insuffisance de sanctions à l’encontre des entreprises ne respectant pas les quotas fixés par la loi. Le développement de l’alternance, et surtout de l’apprentissage, est en effet limité par les moyens de financement mis à disposition. La question se pose de manière différente pour chaque système qui, dans les deux cas, a atteint ses limites de possibilités ou en est très proche.
2. Avec l’Allemagne
L’apprentissage par exemple dépend actuellement de trois principaux financeurs : les conseils régionaux, qui sont aujourd’hui exsangues, les entreprises, dont la masse salariale globale ne sera pas en augmentation, et les branches professionnelles qui ne peuvent favoriser l’apprentissage qu’au détriment de l’alternance, en transférant les crédits à disposition vers l’un ou l’autre de ces systèmes.
Si, comme l’affirme le Président de la République, l’Allemagne compte plus de jeunes en apprentissage que la France, notre pays n’a cependant pas à rougir de la qualité du dispositif mis en place, notamment dans le supérieur, à la différence de l’Allemagne. Le point fort du système allemand par rapport au nôtre n’est pas dans la qualité de son alternance, mais dans sa cohérence avec un système de gestion des carrières où la promotion interne est l’origine de la majorité des dirigeants.
La majorité des chefs d’entreprise allemands sont issus de ce modèle qui permet de rapprocher les mondes de l’entreprise et de l’éducation, et de valoriser l’expérience. Les entreprises françaises auraient tout intérêt aujourd’hui à développer aussi des dispositifs de promotion professionnelle allant jusqu’aux plus hautes fonctions de l’entreprise. »